Fédération congolaise

de cinéma

PERSPECTIVE HISTORIQUE DU CINÉMA CONGOLAIS

 

Nombreux congolais ne connaissent pas l’histoire du cinéma qui les concerne, celle-ci mérite bien que l’on s’y intéresse.

Dès 1896, des opérateurs se sont rendus avec des cinématographes dans l'Etat Indépendant du Congo. Très vite, le milieu colonial a utilisé l’image photographique, puis cinématographique comme instrument de propagande. Vers 1910, des projections des films, en grande majorité français ou américains, sont régulièrement organisés à Léopoldville, mais seulement un nombre restreint de Congolais y avaient accès.

 

En 1916, le Ministère des Colons crée son Service de documentation et de vulgarisation. Dans les années 20, les prêtres catholiques déploient leur propre organisme cinématographique, avec salles de projections cinémas mobiles et commissions de contrôle.

Il faudra toutefois attendre 1944 pour voir apparaître le premier cinéma commercial destiné aux Congolais ouvrir ses portes. Mais c’est dans le nord-est du pays et non dans la capitale. Sa programmation regroupe des actualités, un dessin animé, une petite comédie et un court documentaire éducatif sur l’Afrique.

En 1955, une ordonnance du gouvernement général sur l’accès aux spectacles cinématographiques mettra cependant les Congolais sur un même pied d’égalité que les Européens.

 

A l’époque, la production coloniale est entre les mains d’un abbé, André Cornil, dont l’ambition première était de réaliser des films courts s’inspirant des contes naïfs et pittoresques congolais. Il tournera 11 films de fiction, avec des acteurs congolais, et 22 documentaires éducatifs ou didactiques. Des cours privés de cinéma sont organisés au Congo et des congolais viennent se former a la prise de vue en Belgique. Des acteurs congolais commencent également à décrocher des rôles dans des films destinés à un public international. En 1953, « Bongolo et la princesse noire » du belge André Cauvin, dont les acteurs principaux sont congolais, est projeté à Cannes en France.

 

A l’indépendance, les services du plus gros producteur, le gouvernement général de la colonie, quittent le pays, et la production missionnaire devient quasi inexistante. Après son coup d’Etat, Mobutu crée une télévision nationale et lance son mouvement culturel « d’authenticité » au début des années 1970. La production d’actualités est placée sous son contrôle. Ce n’est qu’après 1989, lorsqu’il est contraint de rétablir le multipartisme, qu’un espace public s’ouvre enfin pour les radios et les télévisions. Vers le milieu des années 1990, la loi sur la presse permet la création de chaines privées. Des jeunes formés à l’étranger rentrent au pays et se lancent dans la réalisation des films ou de reportages. Le théâtre filmé, mais aussi les feuilletons nigérians ou ivoiriens envahissent nos écrans.

 

Aujourd’hui le cinéma congolais qui recherche son identité à travers une culture citoyenne longtemps entrée dans la veilleuse, confrontée aux influences étrangères superposées.

 

Dans cette quête, se couvre l’ampleur des emprunts qui éclipsent nos valeurs, anéantissent les efforts des cinéastes et les maintiennent dans une perpétuelle dépendance culturelle. Combien sont les institutions nationales qui font confiances aux cinéastes congolais, leur donnent la possibilité de s’exprimer, ou du travail aux artistes pourtant nombreux et talentueux ?

 

Dès lors, la place du cinéaste congolais tarde à se faire au sein du pays mais aussi sur le plan international.

 

Que sont devenus nos Cinés ?

 

A l’époque coloniale, le cinéma est un divertissement populaire, mais les congolais fréquentaient leurs « cinés » situés à la cité, et les blancs se rendent dans les leurs. Les salles obscures faisaient le plein. Les stars hollywoodiennes, françaises… régnaient en maître.

 

De nos jours la RDC ne compte que trois cinémas dignes de ce nom, nous citons Cinekin, Showbuzz (A Kinshasa), Climax (A Lubumbashi), mais qui n’avantagent pas non plus ni aux cinéastes ni au public congolais. Pourtant, à l’indépendance, on dénombre une vingtaine de salles disséminées a travers les communes et quartiers dits « zones annexes ». L’affluence y est considérable. Des cinéphiles prennent d’assaut les salles, même celles réservées aux blancs…

 

Dans les années 70-80, le pouvoir n’a pas misé sur le cinéma. C’est plutôt le théâtre classique qui a les faveurs des autorités (propagande ou comédie en français). Et, comme partout dans le monde, les nouvelles technologies (vidéo, internet), la baisse du pouvoir d’achat et les matchs de foot à la télé vont faire fuir le public des salles obscures.

 

Dans les années 90 c’est l’hécatombe. Certaines salles sont détruites, tandis que d’autres sont transformées en terrasses, en commerces ou églises…En perdant ses cinés, Kinshasa la capitale et le reste du pays se sont coupés d’un divertissement collectif qui occupait notamment les jeunes et leur permettait de se défouler symboliquement…

 

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